Description
Le Grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus), de la famille des hiboux, est l’un des gros oiseaux de proie les plus répandus au Canada. Sa grande taille et ses larges aigrettes saillantes au-dessus des oreilles comptent parmi ses traits physiques les plus remarquables. Chasseur nocturne, le Grand-duc d’Amérique a de grands yeux ronds et jaunes, le bec et les serres crochus, ainsi qu’un plumage long et duveteux. Son coloris tire principalement sur le brun ou brun grisâtre strié de rayures voyantes. On trouve des sous-espèces au coloris très foncé en Colombie-Britannique et au Labrador, mais l’espèce qui réside dans les Territoires du Nord-Ouest et dans le nord des provinces des Prairies est d’une blancheur extrême. Comme c’est généralement le cas chez la buse et le hibou, la taille de la femelle est nettement supérieure à celle du mâle : elle pèse en moyenne 2 kg et ses ailes atteignent environ 1,2 m, tandis que le poids moyen du mâle varie entre 1 et 1,5 kg. Seul le Harfang des neiges a une taille supérieure à celle du Grand-duc d’Amérique, le poids maximal de cet oiseau, qui migre au Sud du Canada en hiver, peut atteindre près de 3 kg.
Alimentation
En raison de sa grosseur et de sa force, le Grand-duc d’Amérique peut s’attaquer à une grande variété de proies dont la taille va de celle des musaraignes et des oiseaux chanteurs à celle des mouffettes et des oies. Cependant, règle générale, il se nourrit d’oiseaux et de mammifères de taille moyenne, du moins aux États-Unis et au Canada, où l’on connaît bien ses habitudes alimentaires. Dans nombre de régions, les lapins et les lièvres constituent un élément important de son alimentation, avec les gélinottes et les canards. Pendant les périodes où les souris et les campagnols sont abondants, comme c’est le cas tous les trois ou quatre ans, une grande quantité de ces animaux tombent sous ses griffes.
Le Grand-duc d’Amérique chasse surtout du crépuscule jusqu’à l’aube, et sa vision nocturne de même que son ouïe sont très aiguisées. Comme c’est le cas pour les autres hiboux, son plumage duveteux lui permet d’approcher sa proie sans faire de bruit. Ce chasseur silencieux est rapide, et ses serres longues et effilées sont des armes efficaces.
Les petites proies sont avalées d’une bouchée tandis que les plus grosses sont d’abord déchiquetées. La fourrure, les plumes, les dents et les os qu’il ne peut digérer sont ramassés dans son estomac et régurgités par la suite sous forme de « boulettes ». Il peut en cracher plus d’une chaque jour, selon la quantité et le type de nourriture ingurgitée. C’est par l’identification des proies qui composent ces boulettes que les scientifiques obtiennent des renseignements sur les habitudes alimentaires des hiboux.
Reproduction
Le Grand-duc d’Amérique fait peu d’efforts, sinon aucun, pour se construire un nid ou pour réparer ceux qui existent déjà et qui pourraient lui convenir. Il préfère généralement s’emparer du nid abandonné l’année précédente par quelque autre oiseau de proie, notamment celui d’une Buse à queue rousse ou encore celui d’une corneille ou d’une pie. Il garde rarement le même nid plus d’une année, car les ébats des petits ont tôt fait de le transformer en un amas informe de brindilles. Il niche parfois dans le creux des arbres et, en terrain montagneux ou accidenté, surtout lorsque les arbres se font rares, il choisit les corniches des falaises et les promontoires.
Sa répartition au moment de la reproduction est habituellement d’un couple par 7,5 à 10 km2, mais on a déjà signalé la présence d’un à trois couples d’oiseaux par 2,5 km2. En général, les nids occupés par les Grands-ducs d’Amérique sont dispersés à intervalles réguliers dans des habitats choisis en raison du comportement fortement territorial de l’espèce tout au cours de l’année. Les couples semblent s’unir pour la vie; ils défendent aussi leur territoire contre les autres Grands-ducs d’Amérique et occupent essentiellement le même territoire pendant plusieurs années. La plupart se reproduisent pour la première fois à l’âge de deux ans, mais certains oiseaux d’un an seulement tentent parfois de nicher, tout particulièrement lorsque la nourriture est très abondante.
Les bagueurs ont souvent eu à subir l’assaut des Grands-ducs d’Amérique bien déterminés à défendre leur nid. Bon nombre d’entre eux ont vu leurs vêtements déchirés ou ont souffert de profondes lacérations au cours d’attaques répétées. Le danger auquel s’exposent les biologistes qui travaillent auprès de ces oiseaux les oblige à se protéger en portant d’épaisses vestes et des casques protecteurs.
L’espèce niche très tôt en saison, même dans les régions boréales, et ses œufs sont pondus et couvés bien avant la fonte des neiges. Il s’écoule environ un mois entre la ponte et l’éclosion. Dans les régions centrales de l’Alberta (54° de latitude), l’éclosion des œufs se produit en moyenne entre la mi-avril et le début de mai. La nidification se fait très tôt lorsque les populations de lièvres d’Amérique atteignent un sommet, ce qui indique que la quantité de nourriture a une importance déterminante sur la nidification hâtive ou tardive, d’une année à l’autre.
Le nombre d’œufs par nid varie d’un à cinq, et la couvée (ou nichée) moyenne diffère selon les régions et les années. Les variations annuelles semblent avant tout liées à la quantité de nourriture disponible. Lorsque la région foisonne de campagnols des champs et de lièvres d’Amérique et que le Grand-duc d’Amérique y trouve de la nourriture en abondance, la couvée s’accroît.
Vers l’âge de huit semaines, les jeunes ducs ont à peu près tout leur plumage et peuvent voler sur de courtes distances. Toutefois, ils dépendent largement de leurs parents pour se nourrir pendant la plus grande partie de l’été et ne semblent pas s’éloigner avant l’automne du territoire où ils sont nés. La période qui précède leur départ du nid est un moment critique pour tous les jeunes oiseaux de proie, car ils doivent alors apprendre à chasser pour assurer eux-mêmes leur subsistance.
Les oisillons sont parfois capturés par les Buses à queue rousse et par d’autres prédateurs. Les petits tombent souvent de leur nid; d’autres sont tués et dévorés par les gros oisillons. Il arrive également que la mort soit provoquée par un hiver rigoureux et par la famine. Près de 50 p. 100 des petits qui quittent le nid meurent au cours de leur première année pour diverses raisons.
Source Fédération Canadienne de la faune